LES CONSÉQUENCES DU VOTE OBLIGATOIRE : VERS UNE NOUVELLE DÉMOCRATIE ?

Au risque de me répéter, je vous conseille de lire ou de relire certains passages ou paragraphes de mes chroniques précédentes sur la réflexion de voter et sur l'utilisation bénéfique du Vote Blanc [ C1 & C2 ]. Ainsi, je pourrais aborder tranquillement les conséquences du Vote Obligatoire, proposition politique récemment émanée par Claude Bartolone dans un rapport. Ma position sur le sujet est simple : je ne suis pas contre, bien au contraire, cela va permettre d'impulser pas mal de changements institutionnels à venir. En fait, c'est peut-être le début de la fin de notre chère Démocratie actuelle vers une nouvelle qui sera sûrement plus efficace. Explication : instaurer une contrainte juridique de cette nature-là va produire des effets insoupçonnables et irréversibles.

 

Pour simple rappel, le droit de vote est un devoir civique, inscrit sur votre carte électorale, et aussi une liberté toute "relative" vis-à-vis des offres électorales. L'action de voter est indispensable, mais le fait de choisir un candidat reste facultatif. C'est le libre-arbitre de chacun. Et la notion obligatoire est à mettre en perspective par rapport à d'autres droits et devoirs comme l'obligation de payer des impôts ou des taxes. En effet, la collecte fiscale permet de créer, de régir ou de gérer la collectivité, soit la société, s'y refuser, c'est de s'exclure de la communauté nationale. Or, le fait de ne pas vouloir aller voter, en étant volontairement un abstentionniste convaincu, c'est aussi de s'exclure du système démocratique institutionnel.

 

Certes, il faut être sacrément motivé pour aller foutre dans une urne un bulletin avec le nom d'un candidat pas terrible. Cela dit, l'alternative du Vote Blanc en est la raison pour aller honorer ce droit fondamental. Autrement dit, le rendre obligatoire va dans un premier temps inciter les gens à être un peu plus responsable, à s'impliquer un peu plus dans la vie en société, à développer une conscience collective, à s'informer sur les programmes des différents partis politiques anciens comme nouveaux, mais surtout à retrouver la foi perdue dans les élections précédentes qu'elles soient présidentielles, législatives, municipales, régionales, départementales, ou même européennes [ C3 ].

 

En réalité, dans un deuxième temps, ce caractère obligatoire va bouleverser pas mal de choses. Déjà des queues énormes vont apparaître dans les bureaux de vote des grandes villes de France et de Navarre. Eh oui, le travail des scrutateurs/trices sera très intensif, et le dépouillement sera très long et très chiant à faire. Les horaires devront être modifiées pour s'adapter à l'affluence des citoyens électeurs qui auront fait la grasse mat'. Les résultats dans les grandes villes de France et de Banlieues seront donnés tard dans la nuit. Les chaînes de télé vont être dépassés par les informations de tous bords. Il y aura des complications imprévues qui n'existeraient pas en temps normal. Les institutions de sondages se contrediront jusqu'à perdre toute crédibilité. Ça sera la fin pour eux. Parce qu'on sera enfin ce que pense vraiment les Français. Pas ce petit panel de 1 000 personnes, hein ! Fini la "manipulation" classique des médias en période électorale où ils nous "désinforment", où ils nous "influencent", où ils nous "intimident" pour faire le mauvais choix. Tout sera remis à plat. Une nouvelle l'ère institutionnelle commencera.

 

Dorénavant, tout ne sera plus pareil. Les partis traditionnels en place dans le système vont devoir faire face à de nouveaux partis politiques, car le Vote Obligatoire sera la porte ouverte à des formations inédites hors-clivage Droite/Gauche, ainsi que le Centre et les Extrêmes. En obligeant les gens à aller voter, cela va amener à recueillir des votes très différent idéologiquement. Eh ouais, le Vote Obligatoire n'implique pas forcément l'obligation de voter pour les candidats en siège depuis longtime ! Les nouveaux votants, soit les Abstentionnistes d'antan, ne sont pas des idiots ou des moutons. Et cette réserve électorale est énorme. Bien sûr, il y aura encore des Abstentionnistes têtus qui n'auront rien à foutre de payer probablement l'amende qui va avec, et qui comme pour les radars servira à remplir les caisses de l'État pour payer les intérêts des banques.

 

Cela dit, ils ne seront qu'une minorité d'au moins de 5%. Du coup, dans les faits avec 95% de participants, cela va provoquer le rejaillissement de problématiques électorales comme la question du scrutin proportionnel plurinominal. Idem pour la reconnaissance réelle du Vote Blanc, la régulation concrète du cumul des mandats ou la réhabilitation du référendum sur des projets de réforme sociétal ou institutionnel. Puis, pourquoi pas une votation pour la VIè République, tant qu'on y est. Tout ceci est clairement envisageable. Sauf que si cette loi menace la place des Partis Tradis au final, elle risque de ne pas entrer en vigueur. Sera-t-elle encore une chimère législative ?! Sera-t-elle une révolution institutionnelle tuée dans l'œuf ?! Évitons d'être crédule. Rien n'est moins sûr. Le doute s'installe. Et on se fera encore berné comme à chaque fois.

 

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